Election du modérateur général

Les 04 et 05 avril 2016, à la Maison-Mère, à Evron (53), a eu lieu l’assemblée générale de tous les membres prêtres et diacres de la Communauté Saint-Martin. Elle fut l’occasion d’un temps de partage fraternel, de prière et d’action de grâce pour Mgr Jean-François Guérin, fondateur de la Communauté, décédé le 21 mai 2005.

La Communauté Saint-Martin a l’honneur de vous annoncer qu’elle a reconduit Paul Préaux comme Modérateur général pour six ans.
Il a reçu l’agrément de la Congrégation pour le Clergé.

Monsieur l’abbé Paul Préaux a été ordonné prêtre le 4 juillet 1989 à Voltri (diocèse de Gênes, Italie). Il a été successivement supérieur de la Maison de formation de la Communauté Saint Martin à Voltri puis professeur et directeur spirituel à la Maison de formation de Candé-sur-Beuvron. Chapelain puis recteur au sanctuaire Notre-Dame de Montligeon, il a assumé de nombreuses missions dans le monde auprès des groupes de prière. Titulaire d’un doctorat en théologie dogmatique sur le sacerdoce, il a ensuite enseigné à la Maison de formation de la Communauté. En 2010, il a été élu Modérateur général, charge qu’il a exercée durant 6 ans. Cette nouvelle élection le reconduit à cette charge pour 6 nouvelles années.

La Communauté Saint-Martin, de droit pontifical, est un corps mobile de prêtres et diacres au service des évêques et de l’Église universelle, dont la fécondité spirituelle et apostolique passe par une vie fraternelle intense et l’exercice en commun du ministère sacerdotal.

Ces dernières années, la Communauté Saint-Martin a connu un nombre croissant de vocations qui l’obligeait, en septembre 2014, à déménager de Candé où elle était installée depuis 1993 vers l’abbaye multiséculaire d’Evron (Mayenne), acquise un an plus tôt.

Selon les recommandations du Saint-Siège, un des prochains objectifs de l’abbé Paul Préaux sera de mettre en place, à partir de septembre 2016, une année de propédeutique (c’est-à-dire de discernement et de fondation spirituelle).

Un autre objectif sera de continuer d’être attentif au besoin des évêques et d’en tenir compte dans la formation et le suivi des prêtres. Il sera important aussi de développer à moyen terme le caractère international de la Communauté.

Cette année 2016, sera une belle année pour la Communauté puisque l’occasion de fêter les 1700 ans de la naissance de son saint patron : un livre retraçant la vie de St Martin paraîtra ainsi le 25 juin prochain, au moment de l’ordination des prêtres et diacres. De nombreuses actions seront mises en place par la CSM pour fêter ce Jubilé de St Martin.

Laissez jaillir l’Esprit !

Homélie du 05 avril 2016

Par un jeu de circonstances d’autant plus extraordinaires qu’elles n’avaient pas été préméditées, vous m’avez élu comme modérateur le jour de l’Annonciation, où l’Esprit Saint va prendre la Vierge Marie sous son ombre pour engendrer en elle le Verbe de Dieu. Cette messe, je voudrais l’offrir en action de grâce à l’Esprit Saint. J’aimerais méditer avec vous ce matin sur la place essentielle de l’Esprit Saint dans notre vie de séminaristes, de diacres et de prêtres.

Liturgiquement, le carême, le temps pascal sont orientés à la venue de l’Esprit Saint : « Je vous dis la vérité : il vaut mieux pour vous que je parte ; car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas sur vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai » (Jn 16, 7). Le contenu de ce texte peut paraitre paradoxal : Jésus présente son propre départ (et donc sa passion, sa mort sur la Croix, sa résurrection, son retour au Père) comme un bien. On aurait préféré qu’il « reste avec nous » ! Mais il explique en quoi consiste la valeur de sa mort : étant rédemptrice, elle constitue la condition pour que s’accomplisse le plan d’amour de Dieu qui se réalise dans la venue de l’Esprit Saint. Elle constitue donc la condition de tout ce qui, avec cette venue, se vérifiera pour les apôtres et pour l’Église future au fur et à mesure que, accueillant l’Esprit, les hommes recevront la vie nouvelle. Hier, dans l’Évangile de l’Annonciation : la réponse divine à la question de Marie : « comment cela va-t-il se faire » est simple : « l’Esprit Saint te prendra sous son ombre ». Voilà ce que je souhaite pour chacun de nous ce matin et tout au long de ces 6 prochaines années : que tous nous vivions dans l’ombre, dans la force, dans le dynamisme, dans la puissance de l’Esprit. Cela est suffisant…

« Ne me demande que mon Esprit », voilà la réponse que le Bienheureux Abbé Louis-Édouard CESTAC reçut de la Vierge Marie alors qu’il venait lui demander une somme d’argent dont il avait un impérieux besoin pour recueillir ses pénitentes. Il en fera la fil conducteur de toute sa vie !

« Ne me demande que mon Esprit » ! parce qu’il est un « Esprit de Vérité, qui provient du Père» (Jn 15, 26), qu’Il nous garde dans le rayonnement, la lumière de la foi, la foi pure. Il nous garde dans l’obéissance de la foi, comme Abraham, comme Moïse, comme Marie et tant d’autres. C’est lui qui nous permet de déclarer que « Jésus est Seigneur à la gloire du Père ». Il préserve notre foi des ténèbres de l’erreur. Bien mieux, il stimule notre œil intérieur à tout voir, tout discerner, non selon les hommes, mais selon Dieu. Car « l’Esprit scrute les profondeurs de Dieu ».

« Ne me demande que mon Esprit » ! Car il est humble. Il y a un passage du CEC qui me marque depuis longtemps : « « Nul ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon l’Esprit de Dieu » (1 Co 2, 11). Or, son Esprit qui le révèle nous fait connaître le Christ, son Verbe, sa Parole vivante, mais ne se dit pas lui-même. Celui qui « a parlé par les prophètes » nous fait entendre la Parole du Père. Mais lui, nous ne l’entendons pas. Nous ne le connaissons que dans le mouvement où il nous révèle le Verbe et nous dispose à L’accueillir dans la foi. L’Esprit de Vérité qui nous « dévoile » le Christ « ne parle pas de lui-même » (Jn 16, 13). Un tel effacement, proprement divin, explique pourquoi « le monde ne peut pas le recevoir, parce qu’il ne le voit pas ni ne le connaît », tandis que ceux qui croient au Christ le connaissent parce qu’il demeure avec eux (Jn 14, 17) » (687). Un tel effacement proprement divin ! C’est simplement vertigineux… L’Esprit Saint ne peut pas pénétrer, encore moins demeurer, chez les orgueilleux, les satisfaits, les « pleins d’eux-mêmes », Il n’ habite que dans les âmes dépouillées d’elles-mêmes, humbles et cachées. C’est exigeant, chers frères, de désirer l’Esprit Saint et de vivre dans son ombre  ! Il nous enrichit, à condition que nous nous appauvrissions. L’Esprit nous conduit à la vraie conversion du cœur, à la componction, au véritable repentir. Il produit en nous la détestation du péché, les larmes intérieures.

« Ne me demande que mon Esprit » ! Il fera de toi une icône du Christ chaste et libre. Il va exorciser tes peurs, tes inquiétudes et te permettre de vivre dans la liberté intérieure. « La loi de l’Esprit qui donne vie dans le Christ, t’a affranchi de la loi du péché et de la mort… Ceux qui sont dans la chair, ne peuvent plaire à Dieu. Vous vous n’êtes pas dans la chair, car l’Esprit de Dieu habite en vous. Qui n’a pas l’Esprit du Christ, ne lui appartient pas… Tous ceux qu’animent l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu » (Rm 8). Là où est l’Esprit de Dieu, là est la vraie liberté.

« Ne me demande que mon Esprit » ! il est le garant de l’unité. ‘Cor unum et anima una’, avons-nous lu dans les Actes des Apôtres. Il est vraiment notre défenseur, notre paraclet contre les forces de l’Ennemi diviseur : « Je prierai le Père, et il vous donnera un autre paraclet » (Jn 14, 16). Il est le ciment de notre unité dans le Christ et entre nous. Il nous apprend que les autres, les frères, nos paroissiens, ne sont pas nos ennemis, mais d’abord des hommes et des femmes infiniment aimés du Seigneur, et que nous devons tous les jours, intérieurement leur laver les pieds.

« Ne me demande que mon Esprit » ! car il te permettra de vivre jusqu’au bout le don de toi-même, y compris dans les épreuves, dans les revers de ta vie : « Dans la mesure où vous participez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin que, lors de la révélation de sa gloire, vous soyez aussi dans la joie et l’allégresse. Heureux, si vous êtes outragés pour le nom du Christ, car l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu repose sur vous » (I P 4, 13-14). Il est le moteur, mais aussi la mesure du don de nous-mêmes aux autres. Le commandement d’aimer Dieu et le prochain, essence de la loi nouvelle instituée par le Christ grâce à son enseignement et son exemple (jusqu’à donner sa vie pour ses amis) est « inscrit » dans les cœurs par l’Esprit Saint. C’est pourquoi il devient loi de l’Esprit. Comme l’écrit l’Apôtre aux Corinthiens : « Oui, vous êtes manifestement une lettre du Christ rédigée par nos soins, écrite non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos cœurs » (II Co 3, 3).

« Ne me demande que mon Esprit » ! Il fera de toi un apôtre intrépide et généreux, brulant du feu de l’Esprit Saint. Parce qu’Il est un feu dévorant, il nous brûle intérieurement du désir d’annoncer le Christ, mort et ressuscité partout et toujours, quelques soient les conditions ou les lieux de cette annonce. Qu’Il nous donne l’audace missionnaire. Il est véritablement le premier protagoniste de la mission ad gentes.

« Ne me demande que mon Esprit » ! Nous allons le demander les uns pour les autres avec une grande insistance afin qu’Il puisse renouveler la Cté saint Martin dans chacun des ses membres. Qu’à l’instar de Saint Martin – soldat intrépide, le solitaire épris de la beauté divine rayonnant sur le visage du ressuscité, la perle des prêtres, le pasteur infatigable – nous puissions non seulement nous laisser conduire par l’Esprit, mais rechercher en Lui notre plénitude (cf. Eph 5, 18), notre unique consolation, la force de remplir notre mission, et de vivre fidèlement notre consécration au Christ dans le sacerdoce.

Amen.

Paul PREAUX +p